Souvenez-vous ! Ces heures de calme et de concentration à peindre minutieusement un cheval au galop, deux chiots courant après une balle, un paysage de montagnes. Une toile, trois pinceaux, des petits pots reliés les uns aux autres numérotés et à chaque zone délimitée sur la toile devait correspondre une couleur : vous étiez le roi/la reine de la peinture par numéros. Vous pensiez que votre hobby n’avait pas passé le cap des années 90 et pourtant… il fait encore fureur, surtout depuis le lockdown mondial que nous vivons en ce moment.
Gaétan Bücken est le créateur bruxellois de la marque Winnie’s Picks et confirme cet engouement : « La peinture par numéros, longtemps considérée comme un bricolage pour enfants, a gagné ces dernières années ses lettres de noblesse auprès d’un public adulte, à la recherche d’une activité artistique. Ce support permet à ceux qui ne maîtrisent pas encore toutes les techniques de la peinture et du dessin d’être les auteurs d’œuvres complètes ».
En effet, nul besoin d’avoir le coup de pinceau d’un Vermeer ou d’un Monet pour un résultat étonnant. « Certains de mes clients ont même appris les rudiments de la peinture grâce à ces kits, ils ont acquis une confiance en eux qui leur permet aujourd’hui de créer leurs propres tableaux de A à Z ».
Plus qu’un hobby
Plus qu’un hobby, cette activité est une véritable bulle d’oxygène pour certains, un moment de déconnexion total : « En effet, beaucoup m’expliquent que cette concentration sur les couleurs leur permet de dépasser des périodes où le moral n’est pas au rendez-vous ».Ce phénomène s’appelle en psychologie l’hyper-concentration et permet à la personne d’être absorbée positivement par une tâche et d’en ressortir apaisée et heureuse de ce qu’elle a accompli. Et de sociabiliser aussi ! En Angleterre, des clubs « peinture par numéro & dégustation de vin » se réunissent régulièrement.
Le tableau achevé, il devient parfois un objet symbolique. « Outre les heures passées à se relaxer en peignant, les toiles réalisées sont souvent des cadeaux. Nous avons en effet un service de peintures personnalisées grâce auquel nous transformons une photo en tableau. »
Avec les portraits de maison et les photos de mariage, les demandes les plus récurrentes concernent les animaux de compagnie. Et parfois des illustrations très personnelles. « Dernièrement, pour l’anniversaire de son mari, camionneur, une Américaine nous a commandé une toile de 70 sur 140 cm, sur laquelle trône son rutilant camion, et qui a nécessité des semaines de travail. Son mari lui a dit que « c’était le plus cadeau qu’il ait reçu dans sa vie » ! »(rires).
Naissance d’un projet étonnant
Quand nous expliquons notre produit, il représente directement, pour beaucoup, une madeleine de Proust et après le « Oh mais j’en faisais quand j’étais petit.e », vient indubitablement LA fameuse réflexion : « La peinture par numéros, mais quelle idée ! »
Gaétan venait tout juste de finir son Master en Gestion d’entreprise & Business Management à l’ICHEC et, dès son entrée sur le marché du travail, n’a pas cherché un job d’employé : « Je voulais créer quelque chose, comme je l’avais déjà fait plus jeune avec des sites de contenu et ensuite en m’associant avec un ami et en développant « Gregson & Buck », une marque de boutons de manchette personnalisés ».
Gaétan voulait créer son job sur-mesure, en dépit des recommandations de son entourage, de la précarité financière que cela implique et de la prise de risque, à un âge où on débarque dans un tout nouvel univers. Naît-on entrepreneur ou le devient-on ? That’s the question !
« Et ça n’a pas été comme sur des roulettes, il faut le dire. Après une étude de marché, j’ai commencé par du dropshipping avec ce fameux produit qu’est la peinture par numéros. J’y ai vu une activité multi-âge, qui revenait de façon cyclique sur le marché. De plus, la demande avait évolué ces dernières années et aucun des acteurs présents n’avait adapté son offre pour répondre à ce que désirait le public : ce produit avait donc un potentiel monstre. Alors oui, on m’a regardé avec des yeux écarquillés au début – et parfois même encore maintenant – mais j’y croyais. À raison, apparemment (rires). »
Ensuite, step by step, la marque a été créée, le branding travaillé et les premiers tubes fabriqués. Nous avons amélioré la chaîne logistique, et nous avons commencé à nous faire connaître dans le milieu. Notre design jeune et dynamique a été salué, nous différenciant de certains géants implantés depuis longtemps. Pour aller en ce sens et nous démarquer davantage, nous avons développé une gamme de peintures uniques, en partenariat avec des artistes contemporains. Un bel engouement s’est fait ressentir dans la communauté des peintres amateurs, nous assurant de cette façon que notre stratégie marketing était pertinente. Nous avons en effet un objectif à long terme : offrir une collection bien différente de ce qui se fait à l’heure actuelle. Fin 2019, les commandes étaient en augmentation et les retours des clients étaient positifs, nous indiquant que nous étions sur la bonne voie.
COVID-19 et peinture par numéros
Dans le courant du mois de mars 2020, alors que l’Horeca était au plus mal et les entreprises autour de nous dans le désarroi, Winnie’s Picks semblait être dans une bulle : les commandes connaissaient des pics élevés, au point où notre stock n’allait bientôt plus suivre. C’était en fait un réflexe somme toute logique de nos clients : trouver une occupation qui les relaxerait dans un tel moment d’insécurité.
La pression n’a été que plus grande : il ne fallait pas se louper. Pour Gaétan, travailler entre 12 et 14 heures par jour a été salvateur. « Je ne vivais presque plus que pour Winnie’s Picks, mais ceci m’a permis de garder un moral au beau fixe quand je sais que cette période du premier confinement a été terrible pour nombre d’entre nous ».Le jeune entrepreneur a commencé à s’entourer, d’étudiants dans un premier temps, pour le service client et, très vite, de recrues sur le long terme.
Créer de l’emploi dans cette période de disette sur le marché du travail a été un énorme boost, en se sentant doublement utile : « Nos clients nous expliquaient combien peindre par numéros leur faisait du bien pendant cette pandémie et nous formions une super team avec Yasa et Clémentine au bureau tous les jours, leur travail leur plaisait ».
Nous avons mis les bouchées doubles pour que nos stocks soient optimaux et nous nous sommes tournés vers l’avenir, afin de consolider les nouvelles bases que nous venions de construire.
Winnie’s Picks au Seed Factory
Tel le 12ehomme sur un terrain de foot, Seed Factory a été pour Winnie’s Picks un membre à part entière de la réussite de notre projet. « On peut dire qu’on a commencé au plus petit : au début, je louais un bureau juste pour moi dans l’espace de co-working. Directement, je m’y suis senti accueilli – mille mercis Vanessa ! – et soutenu – l’enthousiasme, les encouragements et les conseils d’Édouard n’y sont pas pour rien ! –. De plus, cet ancien moulin a été restauré avec goût. Les verrières, briques et poutres apparentes, cet immense escalier, les expositions régulières, tout donne envie d’aller travailler le matin. Et, détail non négligeable : le café y est DINGUE. »
Travailler dans un environnement propice, qui plus est un vivier d’entrepreneurs plus motivés les uns que les autres, est un élément-clef, selon nous, dans le développement de toute start-up. Lorsque nous avons fait la demande pour un bureau juste pour nous, c’est une flopée d’encouragements que nous avons reçu de nos voisins : une source de motivation intense ! Gaétan, après avoir visité plusieurs espaces de co-working, a choisi le Seed pour les raisons précitées mais, avant tout, pour le professionnalisme et la mentalité ouverte des gérants, qui semble déteindre sur les occupants.
Aujourd’hui, nous sommes installés dans notre deuxième bureau car notre équipe s’est agrandie : Joséphine, Sandrine, Alexis, Maxence pour la team centrale, accueillant des stagiaires dans des domaines divers, tel que le graphisme, la communication et le marketing. (Pssssst’ Édouard, il va falloir bientôt un peu plus grand encore !).
Et… pour la suite ?
Pour le moment, nos clients sont essentiellement américains, et il est parfois compliqué de gérer les stocks et les commandes à distance. L’objectif de cette année est d’internaliser la production et donc de créer nos kits nous-mêmes, au plus proche du client final. Alexis, ingénieur industriel, travaille en ce moment sur la création de notre propre fabrique.
Aussi, un de nos grands objectifs est de rendre notre marque écologique et plus respectueuse de notre environnement. Dans cette optique, nous avons déjà planté 77 000 arbres avec notre partenaire Ecologi mais… ce n’est pas encore suffisant pour réduire notre empreinte carbone. « C’est très bien d’entreprendre oui, mais pour moi il faut aussi le faire avec un impact positif pour notre environnement. Un travail considérable et qui est loin de l’option « facilité » qu’on aimerait pourtant cocher. Mais c’est aussi un challenge ! ».
Parallèlement, nous travaillons sur la construction du site en français et axé marché européen pour agrandir notre champ d’action.
Enfin, nous travaillons sur de nouveaux designs qui plairont aux enfants : une toute nouvelle collection pour les kids !
En savoir un peu plus sur la peinture par numéros
Petit bond dans l’Histoire : De Léonard de Vinci aux Etats-Unis des années 50
Nous sommes à Détroit, dans le Michigan, au début des années 50. Le pouvoir d’achat des Américains et les horaires de travail voient se populariser la notion de loisirs chez les baby-boomers. Dans son bureau de la Palmer Paint Company, Max Klein, ingénieur, est à la recherche d’un nouveau produit qui plairait au plus grand nombre et lui permettrait d’écouler son stock de peintures. Après quelques mois de réflexion, l’artiste commercial Dan Robbins lui apporte la solution : la peinture par numéros, qui fera de n’importe quel citoyen lambda un artiste. Quelle idée géniale ! Et pourtant, pas vraiment neuve… Robbins a eu en effet cette révélation en se penchant sur les travaux de… Léonard de Vinci !
Ce dernier, pour répartir le travail entre ses apprentis mais sans leur laisser le champ libre, découpait ses toiles par zones et inscrivait des numéros faisant référence à des couleurs spécifiques. Ses apprentis n’avaient plus qu’à suivre la légende. Max Klein était dubitatif mais les Américains ont tout de suite été conquis par ces kits « prêts à peindre », et par-là même l’art s’est démocratisé. Il était même possible de se mettre « dans le pinceau » de grands peintres, en reproduisant de célèbres tableaux. Les critiques d’art se sont bien évidemment insurgés et ont comparé l’activité à un comportement mécanique et irréfléchi, l’action de juste suivre des ordres sans réflexion. L’année 1955 compte pourtant pas moins de 20 millions de kits vendus ! Un véritable phénomène viral. Si Léonardo l’avait su…
Une combinaison idéale
Les pouvoirs relaxants d’une activité artistique comme la musique, la danse, le dessin, ne sont plus à démontrer. Le petit plus de la peinture par numéros est de pouvoir la combiner avec une activité supplémentaire.
Certains peintres font glisser leur pinceau sur la toile dans un calme absolu afin de faire divaguer leur pensée mais d’autres en profitent pour écouter de la musique ou des livres audios. Se détendre le corps et s’évader mentalement, la combinaison parfaite ! Gaétan Bücken nous explique les bienfaits plus spécifiques qu’il a pu observer : « La mère d’un garçon autiste, qui cherchait depuis des années une activité ludique pour son fils, a découvert dans la peinture par numéros une aide concrète qui le déstresse totalement et canalise ses crises. Il en peint une vingtaine par an et va de mieux en mieux. Dans un autre registre, une dame avait perdu son mari quelques mois auparavant et les heures passées à peindre son portrait ont apaisé sa douleur, m’a-t-elle expliqué ».
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Comme Winnie’s Picks (www.winniespicks.com) vous souhaitez louer un bureau à Auderghem ? Découvrez les formules du centre d’affaires Seed Factory. N’hésitez pas à fixer une visite des lieux avec Edouard Cambier et son équipe par téléphone ou via leur formulaire en ligne.