Un jour de 2009 j’ai rencontré Alain Roba, grand collectionneur devant l’éternel. Il a m’a ouvert toutes grandes les portes du mythe, l’un des plus attachants du monde occidental.
En m’y intéressant de plus près, je comprenais que cette princesse était plus qu’une légende, elle était la preuve de l’existence du continent avant sa formation. Et finalement, n’est-ce pas une tendance de toutes les époques que de croire que la nôtre est la plus féconde, alors que tant existait avant qu’on ne l’ai inventé. Un an plus tard sort cette exposition sérieuse par son sujet, et irrévérencieuse par sa forme.Nous nous sommes tous interrogés sur ce constat qui veut qu’une grande idée comme l’Europe soit perçue de manière si étroite par l’opinion publique européenne.
Il est un fait que ce qui est positif intéresse peu les médias. Et surtout, que le champ d’action des politiques nationales se réduit. Et que, par conséquent, elles aient besoin d’un bouc émissaire. C’est un effet pervers de l’Union. En conséquence, quand on parle de l’Europe c’est généralement pour la mettre au centre de nos mesquineries nationales. Avec cette exposition, la Maison de l’Image a le plaisir d’évoquer l’Europe, non pas sous son jour le plus faste mais à partir d’un mythe 3 fois millénaire qui nous montre que le symbole géopolitique du continent préexistait à la création de l’union européenne.
Certains y verront une légende en relation avec l’art européen. D’autres verront un mythe qui a trouvé son sens dans la formation du continent. D’autres encore verront dans l’enlèvement d’Europe, la confirmation que derrière tout mythe, se cache une mémoire génétique, une réalité cachée. Mais une vérité s’impose : le symbole géopolitique du continent préexistait à la création de l’Union Européenne. Un élément à verser au lancinant débat d’un continent présenté comme un club de marchands qu’aucune fraternité ne relie, si ce n’était celle de l’économique avant que la crise financière des états n’assombrisse l’horizon.
Un aspect intéressant quoique collatéral de cette légende nous fut apporté depuis longtemps par Michel Tournier dans son discours sur l’animal phorique (1) il a écrit l’une de ses plus belles pages sur le cheval, animal porteur donc phorique (qui porte le bonheur) d’une part et sur Saint Christophe d’autre part, Saint phorique portant le Christ enfant. Mais en matière d’animal phorique, rien n’égale Zeus transformé pour la cause en Taureau nageur s’apprêtant à convoler en injustes noces avec une princesse orientale qui donnera son nom au continent.
(1) Le Roi des Aulnes
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