En 2002 la Maison de l’image avait invité Phil pour une grande exposition qu’il avait scénographié à la perfection. Plus de deux décennies ont passé, le temps est venu d’une indispensable rétrospective que la Maison de l’image pouvait permettre puisqu’elle prétend montrer toutes les facettes de l’artiste y compris la pub.
Dans une œuvre déjà immense et cependant homogène, notre coup de cœur va à une récente galerie de mutants. Par la magie du digital qui est pour Phil une seconde nature, il réinvente la typologie humaine, il crée une humanité étrange en grand format, fantasque et inquiétante mais ineffable. Elle nous saute au visage par l’impact de l’épure et la précision chirurgicale de la mise en œuvre. Une œuvre en même temps redoutable, et drolatique. Des images toujours intenses, surprenantes et troublantes et pourtant jamais excessives. On ne peut être qu’hypnotisé par ces humanoïdes sublimés, d’une actualité confondante si éloignés de nous sans être vraiment déraisonnables. Techniquement, Phil assemble des personnages fragmentés dont les éléments composites proviennent, par le filtre du digital, de sources diverses recréant un mutant silencieux. Notre léger malaise devant ces portraits insolites est tempéré par la compassion que l’on ressent chez leur créateur. Et finalement n’est-ce pas ce qu’il cherche? Plus récemment Phil est revenu à la peinture par goût de l’œuvre unique et la vitesse de l’acrylique.